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C’est une hypothyroïdie
Parmi les maladies hypothyroïdiennes, la maladie de Hashimoto se distingue par son impact sur le système hormonal. Cependant, elle ne se réduit pas à ce dérèglement. Elle s’accompagne aussi de bien des troubles digestifs. Fastidieux, pénibles et invalidants, ils peuvent peser sur la qualité de vie des personnes atteintes. En effet, elle provoque le ralentissement de tout notre métabolisme : frilosité, constipation, fatigue, sommeil, perte de cheveux… Tout tourne au ralenti.
Quelle est l’approche naturopathique possible ?
Voyons ensemble les particularités des cette maladie, son histoire, mais surtout les facteurs déclenchants, la prévention et les bonnes habitudes à ta portée.
Qui est donc Hashimoto ?
La découverte de la maladie de Hashimoto nous emmène au Japon. C’est là que le docteur Hakaru Hashimoto en parle pour la première fois en 1912. Ce chercheur publie à cette date un article faisant état d’une inflammation chronique de la glande thyroïde.
Ses travaux ont été le point de départ des recherches développées et affinées par la suite. Elles ont confirmé le lien entre l’inflammation et le dérèglement de la glande thyroïde.
Qu’est-ce que la maladie de Hashimoto ?
Au fil des études, il est apparu que le système immunitaire se retourne contre le “soi” et prend pour cible la glande thyroïde.
Ce processus s’apparente donc à celui des maladies auto-immunes et classe cette maladie dans le groupe des hypothyroïdies. On parle d’hypothyroïdie lorsque la glande thyroïdienne ne secrète pas suffisamment d’hormones. Or, celles-ci ont un rôle décisif dans bien des circuits de fonctionnement de ton organisme, y compris celui digestif.
De l’utilité de ta thyroïde
Avant d’aller plus loin, il peut être utile de s’arrêter un instant sur le rôle primordial de la glande thyroïde.
Elles est essentielle car elle régule nombre de fonctions dans ton organisme. A commencer par la sécrétion hormonale.
Les hormones thyroïdiennes interviennent notamment dans :
- Le métabolisme cellulaire
- La croissance
- La température corporelle
- L’énergie musculaire
- La motricité, notamment de ton système digestif
- Le rythme cardiaque
- L’humeur
- La transformation des lipides, glucides et protéines apportés par ton alimentation
Par ailleurs, les cofacteurs à un bon fonctionnement des hormones thyroïdiennes sont, entre autre, les suivants : le sélénium (présent dans les noix du Brésil, par exemple) et la vitamine A. Des analyses peuvent aider à déterminer l’éventuel besoin en supplémentation.
Principales causes de la maladie
En voici quelques-unes parmi les plus courantes :
- Hygiène de vie : type d’alimentation, santé psychologique, mode de vie, exposition à agents toxiques…
- Nutrition : il semble que les carences en certains nutriments et oligo-éléments soient impliquées dans la maladie de Hashimoto. Parmi ces carences, le zinc et le fer.
- Intolérance ou allergie au gluten
- Perméabilité intestinale
- Génétique
- Fluctuations hormonales : en première ligne, la grossesse et la ménopause.
Peut-on parler de prédisposition ?
L’hypothyroïdie à laquelle est associée cette maladie est assez fréquente. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’elle augmente avec l’âge.
Quant à une certaine prédisposition, il est vrai que les femmes sont nettement plus touchées que les hommes : 4/1000 par an, contre 1/1000 voire moins chez les hommes.
Par ailleurs, il existe une forme d’hypothyroïdie congénitale. Cette forme néonatale est assez rare et se dépiste à la naissance.
L’autre forme d’hypothyroïdie plus fréquente est celle dite “acquise”. Elle se manifeste plus tard et engendre toute une panoplie de dérèglements et de complications, y compris digestifs, que nous avons voir plus loin.
Axe thyroïde-intestins
Quel est ce lien entre la maladie de Hashimoto et les troubles digestifs ?
Il est dû, entre autre, à ce que l’on appelle l’axe thyroïde-intestins. Comme nous l’avons vu plus haut, cette hypothyroïdie est une maladie auto-immune. Lorsque nous parlons de système immunitaire, notamment de son dérèglement, nous touchons forcément aux intestins.
Ils sont responsables du développement et de la régulation des cellules immunitaires. C‘est là que se situent 95% de nos défenses immunitaires et ce sont ces mêmes défenses qui, sur-sollicitées par une porosité intestinale excessive, vont se retourner contre nos propres cellules. D’où l’intérêt de se pencher sur la bonne santé de ton microbiote intestinal. Cela est d’autant plus nécessaire dans le cas d’une maladie auto-immune, lorsque le système immunitaire s’en prend aux molécules propres à ton organisme. (D’habitude, le système immunitaire s’attaque aux agents extérieurs.)
C’est à la suite de ce dysfonctionnement du système immunitaire que la thyroïde est mise à mal. Sa faible production d’hormones touche alors le système digestif, à commencer par le péristaltisme.
Pour véritablement prendre soin d’une personne atteinte de la maladie de Hashimoto, il est conseillé de regarder sa glande thyroïde, mais aussi et surtout l’état de son microbiote intestinal et de ses intestins en général.
Traiter l’un sans l’autre, c’est passer à côté de la complexité de cette affection et laisser de bonnes chances à ce cercle vicieux de persister.
Manifestations digestives
Les troubles digestifs les plus fréquents associés à la maladie de Hashimoto sont les suivants :
- Ballonnements et flatulences : ils sont provoqué par un déséquilibre de la flore intestinale.
- Constipation : la mobilité (péristaltisme) intestinale est réduite.
- Prise de poids (métabolisme des graisses au ralenti) :
- Perméabilité ou hyper-perméabilité intestinale : la paroi intestinale laisse passer les agents pathogènes et inflammatoires. Elle constitue un terrain favorable à la réaction auto-immune.
Pour un microbiote en bonne santé
Commençons par le foyer même du dérèglement en attachant un soin tout particulier à ton microbiote intestinal.
Il s’agit de le renforcer et le nourrir en retrouvant l’équilibre, pour ensuite le soutenir.
Pour cela, il est encourageant de savoir que, OUI, il existe un mode de vie favorable à l’équilibre du microbiote intestinal !
Composé de micro-organismes divers et variés, ton microbiote joue un rôle déterminant dans le bon fonctionnement de ton système digestif. Alors, pour bien digérer (au sens large du terme), voici quelques règles :
- Maîtrise l’inflammation : les aliments tels que les épices sont utiles. Cannelle, gingembre, curcuma, par exemple.
- Adopte les aliments fermentés : ils nourrissent littéralement ton microbiote intestinal. Parmi eux : kéfir, kimchi, choucroute…
- Mange des fibres en toute saison : elles alimentent les bonnes bactéries de ton microbiote intestinal et les aident à lutter contre l’inflammation. Les fibres, tu peux en manger en toute saison ! Tu trouveras ici les solutions pour agrémenter ton assiette de fibres même en automne et en hiver.
Lipides et glucides : trouver l’équilibre
- Matières grasses : il s’agit de choisir de bonnes matières grasses. Pour cela, je t’invite pour commencer à lire cet article à ce sujet. Cela peut surprendre, mais oui, toutes les graisses ne se valent pas. Dans le cas de la maladie de Hashimoto, il s’agit d’équilibrer les oméga-3 et les oméga-6. Or, l’alimentation actuelle, “moderne”, nous apporte essentiellement des oméga-6… pro-inflammatoires. A noter aussi que les oméga-3 favorisent la réparation de la paroi intestinale. Un aspect crucial dans la maladie de Hashimoto et le retour à un intestin en pleine santé.
- Glucides & indice glycémique bas : oh que je l’aime cet indice glycémique ! Les glucides à outrance favorisent, eux aussi, l’inflammation. Pour comprendre comment agir, quels glucides choisir et adopter le réflexe de “l’indice glycémique bas”, cette ressource est consacrée à ce sujet.
Oligo-éléments utiles
Voici quelques exemples d’oligo-éléments utiles :
- Iode : pour que la thyroïde fonctionne correctement, il lui faut la bonne dose d’iode. Attention : le dosage est crucial car un excès d’iode est contre-productif ! C’est un aspect très délicat qui exige l’expertise d’une thérapeute.
L’iode se retrouve notamment dans les produits de la mer tels que les huîtres, les poissons, les fruits de mer…). Mieux vaut éviter les sels ultra raffinés iodés et s’en tenir autant que possible aux produits non transformés offerts par la nature.
- Fer : l’insuffisance en fer a des répercussions négatives sur la synthèse des hormones thyroïdiennes qui ne peuvent plus jouer leur rôle.
Le fer est contenu dans les crustacés, les légumineuses, la viande rouge…
- Zinc : cet oligo-élément est essentiel pour soulager l’intestin perméable et entretenir nos muscles (et donc le péristaltisme). Il participe à la restauration de la paroi intestinale, condition préalable à toute amélioration.
Le zinc est contenu dans les fruits de mer et crustacés (encore eux !), le foie (de veau, de bœuf…), les graines oléagineuses (graines de citrouille, de sésame…), les légumineuses, le cacao…
Bien des oligo-éléments peuvent être intégrés sous forme de compléments. Là encore, il ne faut pas se lancer sans les conseils avisés d’un thérapeute. Cela vaut d’autant plus que tous les compléments ne se valent pas… Je te livre dans cette publication une feuille de route pour bien les choisir.
Il va de soi que seul un microbiote intestinal sain permettra la bonne absorption des oligo-éléments et nutriments bénéfiques pour la thyroïde. D’où l’importance du paragraphe précédent ;-).
Traquer intolérances et allergies
Identifier les intolérances et les allergies possibles aide à éviter les aliments pro-inflammatoires. Ils ne feraient que faire empirer les choses et entraver le retour à l’équilibre.
Deux pistes utiles pour commencer :
- Gluten : vérifier l’impact du gluten. Ce dernier est souvent mis en cause dans les cas de troubles digestifs liés à l’intestin. Tu trouveras dans cet article les détails nécessaires et les réponses à tes questions.
- Produits laitiers notamment lait de vache : certaines personnes sont plus sensibles que d’autres aux produits laitiers. Les protéines du lait peuvent entraîner des réactions inflammatoires. Voici quelques informations qui pourront t’éclairer à ce sujet.
Regarder derrière l’arbre qui cache la forêt
Les arguments présentés ici montrent à quel point la maladie de Hashimoto est plus qu’un problème d’hormones. Qui plus est, on peut aller jusqu’à dire qu’elle n’est pas causée par la glande thyroïde. Cette dernière vient en revanche rejoindre la liste des manifestations d’un dysfonctionnement qui prend son origine dans ton système digestif, principalement tes intestins.
Cela en revient à reconnaître la nécessité d’une prise en charge holistique qui englobe aussi ton alimentation. Traiter la thyroïdite en ciblant uniquement la thyroïde ne prend en considération qu’une facette de la pathologie. C’est l’arbre qui cache la forêt.
La naturopathie te permet d’avoir un tableau complet et granulaire des organes et systèmes impliqués. La prise en charge vise à les harmoniser et à tendre vers un même objectif : le bien-être et la santé globale.
Sonia