5594636637.8dd5717.718a7d5c0b534ba18496c5e0daead375

Digestion & émotions : pour le meilleur et pour le pire

Ces dernières années, les études ont mis au jour le lien étroit entre nos intestins et notre cerveau. Cela n’étonne plus personne à présent lorsque nous mentionnons les “deux cerveaux” de notre organisme : le système nerveux central et le système nerveux entérique (des intestins). Merci ?? au passage au professeur Heribert Watzke et son célèbre et innovant The Brain is your Gut.

Dans la foulée, cela ne fait que mettre en relief les relations étroites entre nos émotions et notre système digestif.

Quelles sont ces liaisons ? Quelle est leur nature ? De quelle manière influent-elles sur notre digestion ? C’est une véritable invitation au voyage au cœur de notre physique et de notre mental que je vous propose… Attachez vos ceintures !

A double sens

La naturopathie considère l’humain dans sa globalité. C’est pour cette raison qu’elle se définit aussi comme une approche holistique. Et le sujet de cet article est une parfaite illustration de ce principe. 

En effet, si nos émotions influent sur notre digestion, le contraire est également valable !

Ce qui m’encourage d’emblée à définir les relations entre ces deux sphères comme étant à double sens : l’une ne va pas sans l’autre ?. Nos joies et peines se répercutent sur notre organisme et ce que nous ingérons envoie aussi des messages à notre mental et alimente (littéralement) certaines émotions.

Les maux par les mots

Force est de constater que bien en amont de toute approche de santé ou de bien-être, le langage a depuis toujours illustré les liens entre digestion et émotions. Il suffit de penser à la pléthore d’expressions ?  à notre disposition, parmi lesquelles :

Se faire des nœuds à l’estomac,

Avoir l’estomac noué,

Se faire bouffer,

Avoir quelque chose en travers de la gorge,

Avoir la gorge nouée,

Se tordre les boyaux,

Se faire de la bile,

Luttes intestines… et tant d’autres !

Bref, digérer nos émotions positives ou négatives, c’est toute une histoire depuis la nuit des temps. Les hommes l’ont bien compris et ont ressenti le besoin d’en parler de façon fortement imagée. Ce qui est déjà un bon point ?? car tout ce qui ne s’exprime pas… s’imprime. Notamment dans notre système digestif.

C’est dans le ventre

Vous souvenez-vous de vos maux de ventre étant enfant, lorsque vous ne vouliez pas être séparé de vos parents pour aller à l’école…? Eh bien, encore une fois, vos mots n’étaient pas prononcés en l’air. 

En effet, le microbiote intestinal est essentiel à notre santé et bien-être. Pourquoi ? Parce qu’il renferme 80% de notre système immunitaire ? ! De son équilibre dépend notre état général. Le terme équilibre revêt toute son importance ici : « Nos deux cerveaux, celui de notre tête et celui de notre ventre, doivent coopérer. Si ce n’est pas le cas, il y a chaos dans le ventre et misère dans notre tête » (Mickael D. Gershon). Un microbiote altéré, c’est la porte ouverte à toutes sortes de pathologies, souvent chroniques. 

L’expérience suivante en dit long : les scientifiques ont choisi deux individus. L’un dépressif, l’autre pas. Ils ont ensuite prélevé des cellules dans leurs microbiotes respectifs pour les échanger ? et… devinez quoi ?

La substitution de microbiotes s’est traduite par l’échange de leurs humeurs !

De l’influence des émotions sur le ventre

Regardons à présent de plus près comment nos émotions influent chimiquement sur notre ventre. 

Sous l’effet d’une émotion forte – positive ou négative -, notre système nerveux central est stimulé. Nous produisons alors de l’adrénaline et de la corticotrophine (CRF). Ensemble, elles stimulent les contractions de nos intestins. Cela peut se traduire donc par un transit accéléré ou un besoin pressant ?. C’est une forme d’action-réaction bien connue par nombre d’entre nous.

Les bactéries intestinales prennent la parole

Je vous le disais en introduction : les relations entre émotions et système digestif sont à double sens. En voici un autre exemple fascinant : les bactéries intestinales peuvent guider nos émotions.

Les études récentes menées par des chercheurs américains ont montré que leur composition a une influence sur notre humeur ??, notre mémoire et même notre comportement !

Face aux émotions fortes, les bactéries intestinales communiquent avec notre hippocampe ainsi que notre cortex frontal et insulaire. Et de quoi s’occupent ces zones cérébrales…? Je vous le donne dans le mille : de nos humeurs ! Mention spéciale au cortex insulaire qui recueille les informations que lui envoie le système digestif. 

Bref, notre microbiote n’hésite pas lui aussi à prendre la parole.

Autoroute de l’information

Restons un instant encore dans la communication. Dans notre organisme il existe une véritable autoroute de l’information, lien physique entre nos deux cerveaux : le nerf vague (…peut-être avez-vous déjà entendu parler du « malaise vagal » qui surgit lors d’un stress intense ?).

A l’intérieur du nerf vague circulent les neurotransmetteurs qui font le lien entre le système nerveux central et celui entérique. Ce sont eux qui dirigent nos humeurs et émotions. Ils les véhiculent aux neurones présents dans notre organisme. C’est ainsi que nos émotions et humeurs sont transmises non-stop via l’axe cerveau-intestins.

A quoi servent les émotions ?

Outre ces liens physiques et chimiques entre digestion et émotions, il existe un lien symbolique qui revêt une importance certaine.

Les émotions peuvent être définies comme une forme de nourriture. A l’instar des aliments qui égayent nos assiettes et papilles, elles viennent enrichir, nourrir ou stimuler notre être.

Elles contribuent à en façonner la sphère psychique, jour après jour. Qu’elles soient positives ? ou négatives ?, elles font partie de notre cheminement. Véritable apprentissage de la vie, elles peuvent être mémorisée tant par notre cerveau que notre système digestif. 

Joie, douleur, anxiété, stress ou encore panique ont un effet immédiat, mais aussi un effet dans le temps. Ne l’oublions pas : notre corps et notre psychisme ont une mémoire. Les émotions dans leur grande variété peuvent s’y imprimer et y être stockées à long terme.

Sous l’effet d’un stimulus, elles peuvent refaire surface, souvent à l’improviste !

Exemples de manifestations physiques 

A partir du moment où nos émotions surgissent, elles peuvent se traduire par plusieurs manifestations physiques.

Inquiétude, incertitude, préoccupation, anxiété et stress peuvent altérer notre microbiote, comme nous l’avons vu plus haut. Diarrhées et envies pressantes prennent le dessus pour évacuer un trop plein émotionnel. Il nous faut nous vider. 

Lors d’un manque affectif, une peine, un sentiment d’abandon et d’absence, nous pouvons réagir en mangeant de grandes quantités de nourriture ?. Littéralement, nous venons combler un manque en remplissant notre assiette/estomac. 

Tout récemment, j’ai publié un post sur les gaz d’anxiété. Leur nom en dit long sur ce besoin d’évacuer notre peur de l’inconnu.

Ça ne passe pas

Les vomissements, quant à eux, peuvent venir d’un refus de subir ou d’absorber ??‍♀️. Quand ça ne passe pas/plus, le corps rejette. 

Dans le même ordre d’idées, le globus est un trouble fonctionnel œsophagien (TFO), contraction de la gorge qui empêche les aliments de passer au moment où nous nous apprêtons à les ingurgiter. Il peut incarner mécaniquement une émotion non acceptée, une couleuvre que l’on essaye de nous faire avaler (tiens, encore une expression intéressante ? !).

« En pratique, ce signe clinique est généralement une manifestation survenant dans un contexte d’anxiété et de troubles psychiques divers et constitue un phénomène de somatisation. Une prise en charge thérapeutique globale, à la fois somatique et psychologique est importante. (Source.) Dans ce cas de figure, l’hypnose peut s’avérer efficace afin de remonter à la source même du traumatisme.

Que d’hormones !

Nous l’avons vu plus haut, les émotions font partie intégrante de notre être et devenir. Entre émotions positives et négatives, tout un panel de ressentis nous animent. Parallèlement, les hormones sont relâchées dans notre organisme, déclenchant une série ? de réactions.

Or, ces mêmes hormones diffèrent que nos émotions soient négatives ou positives. Peut-être avez-vous déjà entendu parler des “hormones du bonheur” ? 

Elles sont au nombre de quatre :

  • Dopamine,
  • Sérotonine,
  • Endorphine et 
  • Ocytocine

Un petit mot sur la sérotonine, hormone de la stabilité des humeurs : il est intéressant de noter qu’elle participe à la régulation de notre humeur et qu’elle est produite à 75%… dans notre muqueuse intestinale ! Sans elle, c’est l’ascenseur émotionnel assuré et la porte ouverte aux addictions.

Quant aux émotions négatives, ce n’est pas un hasard si elles sont aussi nommées “émotions toxiques”. Parmi les hormones relâchées dans ce cas de figure, citons le cortisol, plus connu comme l’hormone du stress ? ou de la peur. 

A hautes doses et en cas de stress ou anxiété chroniques, le cortisol contribue à semer la panique dans notre organisme. Fatigue surrénale, épuisement chronique, insomnies, sautes d’humeur, stockage de graisse, prise de poids et… troubles digestifs.

Parmi eux, constipation, colon irritable, spasmes douloureux, digestion difficile, gaz d’anxiété.

Parole de microbes

La communication cerveau-système digestif ne se limite pas aux hormones. Les microbes présents dans notre intestin prennent aussi la parole. En effet, les études ont montré qu’ils semblent réagir aux informations concernant nos émotions, notamment le niveau de stress (encore lui !). 

Ainsi informés, les microbes intestinaux régulent leur production de métabolites (substances organiques formées au cours du métabolisme) en conséquence. 

Passer du négatif au positif

Comme souvent, pour nous extraire de ce cercle vicieux et invalidant, nous nous penchons sur les causes profondes. Pour avancer, il peut d’ores et déjà être utile de savoir qu’il est possible de passer des émotions négatives à celles positives. La connaissance des possibles est une première étape vers la motivation et sa lumière ? !

Un travail de fond est alors nécessaire : introspection et questionnement font partie du cheminement (je vous en dis plus ci-après à ce propos). Cette quête vers les aspects positifs de notre vie se traduit par des effets physiques dans notre cerveau, merveilleuse entité jamais figée !

En effet, elle fait appel à sa plasticité, autrement dit sa capacité adaptative. Face aux traumatismes, blessures, chutes et failles, le cerveau peut se restructurer. C’est comme si un nouveau tissu cérébral se formait, nous permettant d’évoluer et d’éclore ?. 

Optimiser les liaisons intestin-cerveau : tout un projet 

Les armes ?? pour affronter les liaisons dangereuses entre nos émotions et notre système digestif existent. Elles se trouvent d’abord en nous. Les mettre en place ou les découvrir est un projet de vie à long terme.

Pourquoi ? 

Parce qu’il implique tant notre sphère physique, qu’émotionnelle et psychique. C’est une quête continue qui s’adapte et épouse les cycles de notre vie. Nous sommes les véritables acteurs de notre vie et de notre santé ! C’est d’ailleurs l’un des messages fondamentaux de la naturopathie qui vise à nous rendre autonomes à chaque étape de notre parcours de santé et de bien-être.

Au-delà des atouts qui résident en notre fors intérieur, nous pouvons aussi mettre en place des actions pratiques ? et naturelles pour nous aider à contenir les liens néfastes entre digestion et émotions.

Quel est le rôle de notre alimentation ?

En fonction de ce que nous mangeons, la communication cerveau-intestin change. Les graisses en sont un bon exemple : certaines d’entre elles aident notre cerveau à bien fonctionner. En général, leur consommation excessive est à proscrire car elle déséquilibre ⚖️ notre flore intestinale.

Pour en savoir plus, notamment pour distinguer les types de graisses et leur implication dans notre santé, je vous invite à lire cet article détaillé. 

Un dossier à la fois

Lorsque nos émotions prennent le dessus, il est préférable d’alléger la charge de travail de notre système digestif. Pour cela, réduisons le nombre d’aliments à traiter. Cela revient à lui soumettre un dossier ? à la fois pour lui laisser le temps de digérer les aliments et… les émotions. 

Cette notion de quantité à réduire fonctionne de concert avec la notion de temps. Ralentir permet de nous reconnecter à notre vrai rythme. C’est ce que l’on appelle le biorythme. Chacun de nos cerveaux travaillera donc bien plus facilement ainsi.

Dans ce contexte, je vous invite à lire la publication toute récente sur la monodiète. C’est la parfaite illustration de la mise au repos, dans un temps très limité, de notre système digestif.

Pas d’émotions, pas d’évolution 

Bien que nos émotions puissent avoir des effets négatifs sur notre système digestif, il n’est pas possible de les bannir et encore moins de les enfouir. La simple substitution des émotions négatives par les positives n’est qu’un leurre à court terme et à tous points de vue.

Pour commencer, les émotions non vécues s’impriment dans notre corps et le dérèglent. Système nerveux et digestif, métabolisme énergétique et nutritionnel, les émotions bâillonnées ? sèment la zizanie et peuvent donner lieu à la somatisation. 

Elles pillent notre énergie et notre santé, se nourrissant de tant de déni dans l’ombre. Le sentiment de gestion et de maîtrise n’est qu’une illusion ; la chute n’en sera que plus dure.

Ensuite, les émotions reniées sont des obstacles à notre évolution et guérison. Elles nous éloignent de notre véritable nature, nous faisant croire que nous pouvons tout gérer et orchestrer  ? pour aboutir à l’image que l’on attend de nous. Là encore, nous ne faisons que retarder le moment de vérité.

Cultiver les émotions

Plutôt que de gestion des émotions, parlons libération. Leur délivrance ? ouvre la route à notre propre délivrance et à celle de notre système digestif. Cultiver et libérer nos émotions est un acte positif car créateur. Il ne s’agit pas d’une contrainte et d’une rationalisation forcée comme pourrait  le suggérer le terme “gestion”. 

Comment faire ? Eviter de refouler nos émotions, de les cacher sous le tapis ou les renier. Pour trouver le bon parcours, faisons appel à un professionnel qui puisse nous accompagner.

Un cheminement possible

Il s’agit de reconnaître en premier les émotions qui nous bousculent et leurs origines : une décision, un comportement, une nouvelle troublante, une personne qui nous épuise ou agace…?  

Les émotions conséquentes, où sont-elles logées ? Que ressentons-nous exactement ? Quelle est l’intensité de notre ressenti ? Perdure-t-il dans le temps ou est-il passager, voire fugace ?

Ce questionnement nous permet d’accueillir ? les émotions, d’en reconnaître l’existence et d’en identifier les manifestations.

Pour aller plus loin, posons-nous les questions suivantes : qu’est-ce qui pourrait me faire du bien ? De quoi ai-je envie à présent ? Comment épouser au mieux ces émotions ?

L’objectif du questionnement est la quête de soi en tant qu’être authentique et honnête avant tout avec soi-même. Certes, cela peut-être douloureux – et les troubles digestifs en sont une preuve ! -, mais aussi nécessaire pour ne pas stagner et se scléroser.

Aux petits soins 

Introspection et mutation sont nécessaires en amont de tout autre parcours. Pourquoi ? Parce qu’elles renvoient aux sources profondes des troubles digestifs liés aux émotions et à notre façon de les vivre.

En un deuxième temps, la naturopathie met à notre disposition toute une panoplie d’approches et rituels qui nous aident à nous (re)construire de façon complète.

Si nous souhaitons nous pencher sur le stress et ses manifestations, la méditation, la luxopuncture ou les lunettes PSIO (luminothérapie) ? sont des techniques complémentaires utiles. La cryothérapie corps entier, quant à elle, favorise la sécrétion des célèbres “hormones du bonheur”. 

Le mot d’ordre ? La détente et le rééquilibrage psychique et hormonal. Vous trouverez tous mes conseils et suggestions dans cet article complet sur le stress et ses différentes formes.

S’adapter pour vivre

En tant qu’être vivants, nous avons la capacité de nous adapter. Certes, cette capacité ancestrale se retrouve souvent enfouie sous une couche épaisse de règles, diktats et exigences très éloignées de ce qu’est notre vraie nature… Tel un puissant isolant, elle nous coupe de notre identité et nous pousse vers la dépersonnalisation.

Pour retrouver notre faculté d’adaptation, les bien nommées plantes adaptogènes ? peuvent nous aider. Tout comme les fleurs de Bach ? qui agissent tout en douceur sur notre sphère émotionnelle. 

Quoique différents, ces deux chemins nous encouragent à nous tourner vers la nature. Et notre vraie nature par la même occasion. 

C’est l’heure du massage

Parmi les approches techniques, j’aimerais souligner le Chi Nei Tsang. Ce massage ciblé du ventre délie les nœuds dans notre système digestif. Comme par hasard, dans la tradition taoïste, le ventre symbolise le siège des… émotions ! 

Lorsque nous le stimulons avec des pétrissages, vibrations et acupressions, nous relançons le fonctionnement de l’ensemble du système digestif. Sans oublier qu’il contribuer à faire de nouveau circuler nos énergies ⚡️ et à apaiser notre mental en surchauffe.

Vivre e(s)t ressentir

Les multiples liens entre notre digestion et nos émotions ne sont plus à prouver. La diversité même de nos émotions positives, l’“émodiversité”, est en partie responsable du faible niveau d’inflammation dans notre organisme.

Cela étant dit, nous sommes des êtres complexes, capables de ressentir toute la gamme du spectre émotionnel. C’est ce qui fait de nous des êtres uniques. Tout comme notre capacité à apprendre à vivre et palpiter au rythme de ces mêmes émotions. 

Mieux étudier, comprendre et nous adapter à cette relation unique entre nos cerveaux, c’est aussi une façon d’évoluer et de vivre pleinement et en bonne santé.

Les émotions…c’est la vie !

— Sonia

Comments (2):

  1. Pierre Sandrine

    novembre 19, 2022 at 11:09

    Wouah

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.